Dernièrement, je flânais dans
Paris, notamment au jardin du Luxembourg. Il faisait bon, un temps printanier.
Un jeune couple, main dans la main,
marchait devant moi. Ils étaient mignons, silencieux, heureux et j’étais émue
de les voir.
Et le jeune homme a dit :
-
Tu connais Spleen de Baudelaire ?
-
Bien sûr
-
Et ça commence comment ?
-
Ça, je ne sais pas par cœur
-
Quand le
ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
Et que de l'horizon embrassant tout le cercle
Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits…
Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
Et que de l'horizon embrassant tout le cercle
Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits…
-
Mais le temps est beau… il y a peut-être mieux
que Baudelaire
-
Oui… toi
Il s’est tourné vers elle, elle s’est
tournée vers lui et je les ai laissés enlacés…
Un peu plus loin, un autre couple…
des cheveux blancs... un vieux couple… Ils ont dû être très beaux, car ils ont
encore de la prestance… Elle est assez agressive, gesticule :
-
Tu as gagné. Nous sommes encore dans un jardin…
tu as toujours aimé les jardins, les parcs…
-
Oui… c’est la nature. Regarde ! les bourgeons
de cet arbre et les pâquerettes insolentes, on leur coupe la tête et elles
reviennent encore plus fières
-
Et alors ?
-
C’est beau les jardins…
D’un seul coup, il s’arrête. Je suis
son regard vers la pièce d’eau où barbotent des mouettes… jeu d’eau, jeu de
plumes…
-
Voilà autre chose, grince-t'elle
-
Mais non, c’est la même chose, c’est la vie…
-
Tu vois la femme là-bas de l’autre côté ?
-
Oui et ?
-
Tu irais bien avec elle. Elle a le même regard
perdu pour les mouettes que toi !
Il y avait du monde, beaucoup de
monde. La couleur vestimentaire était sombre, souvent noire. De dos, on aurait dit une
foule de pingouins en déplacement…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire