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2014-04-21

ma voiture est sexiste


Depuis quelque temps ma petite Clio blanche montre des signes évidents de sexisme. Elle refuse de démarrer, quand je suis au volant ou une autre femme, mais si je demande à un homme de se mettre au volant, peu importe l’âge, elle démarre au quart de tour. Deux fois, alors que j’attendais Aurélia près de chez mon garagiste, elle m’a fait le coup. Je suis allée le chercher et pas de problème !

Parallèlement, comme chaque fois que j’appuyais sur le frein, le voyant des antibrouillards s’allumait, j’en ai déduit donc qu’il y avait un problème électrique. Rendez-vous  pris.  
 
À l’entrée du bureau, une grande affiche :

apprenez à dialoguer avec votre voiture.

Est-ce là donc mon problème ? Je ne lui parle pas assez ? Ou avec pas assez de douceur ? Je ne sais.

 
Par contre, ce que je sais, c’est qu’il y a peu de temps, je suis allée à Tournon sur Rhône. Je me suis garée sur le grand parking ombragé par de grands platanes en bordure du Rhône. Ombragé… c’est beaucoup dire, il n’y avait pas encore une feuille. Je me suis donc garée face à une voiture rouge couverte de déjections d’oiseaux. Je me suis dit que, sans aucun doute, il y avait longtemps qu’elle stationnait là. Je rejoignis Sylviane. Nous avons passé une journée agréable et quand je suis revenue à ma voiture, horreur ! Elle était autant couverte d’excréments d’oiseaux que la voiture rouge. Croulée de rire, j’ai pris un mouchoir en papier pour pouvoir m’installer au volant et prendre la direction d’un centre de lavage automatique… pour la première fois de ma vie. C’est vraiment pratique.
                                              
Depuis elle est contente et démarre sans problème, même avec moi ! Mais je touche du bois ! Vite un tronc de platane...  sans oiseaux
 

2014-04-19

Brèves de marché


Ce matin, le marché était coloré, très animé. Plusieurs stands de replants de  légumes offraient une grande variété de tomates et autres légumes… Il y avait aussi plusieurs musiciens : le jeune couple qui joue très bien de la guitare, du psaltérion, d’une harpe celtique ; plus loin, un gouailleur avec un orgue de barbarie, un accordéoniste jouant des tangos et quelques stands apportant de la musique plus traditionnelle locale. Par-dessus tout, le marché permet la rencontre des uns et des autres et les mots s’échangent rapidement.

1 - Deux hommes septuagénaires :
-      Ten ! Ils ont annoncé la pluie !
-      Si tu la rencontres ou si tu la vois tomber, tu viens me voir !
-      C’est la télé qui l’a dit !
-      Et tu ne peux pas lever le nez ? D’où tu la vois cette pluie ?

Tout cela échangé avec l’accent du Causse comme une vague de mots…

2 - Devant moi, de femmes très âgées avancent lentement. En face d’elles en arrive une autre et qui lance :
-      bonjour les jeunes filles !  (Rire des deux premières)
et elle continue à leur raconter quelque chose en patois. Elles éclatent de rire, ainsi que tous les gens bloqués par elles dans l’allée. Pas sûr que les autres aient compris plus que moi la teneur des propos ! Mais quelle joie !

3 – Deux femmes âgées :
-      le jour où je me casserais une jambe, je ne viendrais pas sur le marché
-      tu as bien raison !

4 - deux hommes la soixantaine :
-      de nous trois, c’est le seul qui a suivi un stage de préparation à la retraite
-      tu crois qu’il y avait une préparation à bien mourir ?
-      Je ne sais pas. Seulement huit jours…

 

2014-04-03

Alouette, gentille alouette


Ce matin, je croyais m’être levée au champ de l’alouette, c’est-à-dire de bon matin et raté !  : le changement d’horaire et les nuages accumulés par l’autan m’ont trompée. Il est déjà 8 heures.

J'ai lu le texte de VY, ce spectacle de Michèle Nguyen que j'ai vu à la mi-février et je me suis arrêté sur un passage, qui m'avait fait rêvé. Voici cet extrait :
"Vivi !  L'alouette, tu sais, son vrai domaine, ce n'est pas le ciel. C'est la terre. C'est là qu'elle vit,  c'est là qu'elle meurt, qu'elle fait son nid, qu'elle fait ses petits.  Et c'est de la terre aussi qu'elle prend son élan pour chanter. Mais tant qu'elle n'a pas trouvé sa place, son chant, elle le retient.  Elle continue de monter, monter, monter, et quand elle la trouve, sa place, alors  là… ! Tu sais,  Vivi, l'alouette ,elle ne chante pas,  elle jouit dans la lumière… »

L’alouette a la particularité de monter très rapidement et très haut dans le ciel et de se laisser tombée comme une pierre. Elle a donc un rôle de médiatrice entre Dieu et les hommes, qu’on retrouve dans maintes légendes du monde entier.
Ainsi cette légende grecque :

Nisus, frère d'Égée, régnait sur Nisa, ville voisine d'Athènes. Lorsque Minos, roi de Crète, vint faire la guerre en Attique, il commença par assiéger Nisa. La force de Nisus dépendait d'un cheveu de pourpre qu'il portait. Scylla, sa propre fille, amoureuse de Minos aperçu du haut des remparts, coupa Le cheveu de son père pendant qu'il dormait et l'offrit au roi de Crête pour lui déclarer son amour. Minos, horrifié par cette action, tout en profitant de cette trahison, chassa de sa présence la perfide princesse. De désespoir elle voulut se jeter dans la mer, mais les dieux la changèrent en alouette. Nisus son père, métamorphosé en épervier, ne cesse de la poursuivre dans les airs et la déchire à coups de bec.
Ou celle brahmane :
les fils aînés d’un roi des Indes persécutent leur frère cadet ainsi que leurs vieux parents. Le jeune enfant décide alors de partir avec eux pour fuir les mauvais traitements. Les parents, très âgés, succombent aux fatigues de la route. Leur fils fidèle ne néglige pas ses devoirs envers eux. S’ouvrant la tête avec son épée, il les ensevelit en lui-même. Touché par cet acte de piété filiale, Hélios métamorphose l’enfant en alouette.

L’alouette chante dès le matin en plein vol et son chant l’oppose à celui du rossignol. Il symbolise l’élan de la jeunesse, la vigueur, la joie, tandis que celui du rossignol, chant nocturne, symbolise juste l’amour.
 

Dans Roméo et Juliette, Shakespeare fait dire à Juliette : «It was the nightingale (rossignol) and not the lark (l’alouette), believe me my love, it was the nightingale.” L’aube se levait et Juliette ne voulait pas quitter son amant, alors elle ne voulait pas entendre l’alouette… À propos de rossignol, chaque printemps, l’un d’eux me réveillait par son chant mélodieux. L’ouverture de la déviation l’a éloigné, adieu mon rossignol !
C’est sans doute pour ce que représente l’alouette : la force, la liberté, le courage que Jean Anouilh a intitulé sa pièce sur Jeanne d’Arc : « l’alouette » et que le blason du duché d’Autriche en porte cinq.


De nombreux poètes et musiciens ont chanté l’alouette.
Tous ceux qui apprennent le français chantent :  « alouette, gentille alouette, je te plumerai… », Ce qui permet de nommer les différentes parties du corps.

 
Dans différentes chansons enfantines, on apprend que
         -      « l’alouette est sur la branche, fais un petit saut, l'alouette… »
         -      « l’alouette et le pinson ont voulu se marier, mais le jour de leurs noces n’avaient pas de quoi manger… »

(Marie-Thérèse Bacné)

         -      « Au chant de l'alouette, je veille, je dors, j'écoute l'alouette et puis je m’endors… ». Peu après, une fillette maladroite marche sur l’aile d’une caille qui lui crie : « Pucelle, retire-toi d’ici ! »… Pucelle ? Jeanne ? celle d’Orléans comme s’il n’y en avait qu’une !

Gilles Dreu l’a invitée dans une chanson nostalgique :
         [...]Alouette alouette    
          L’amour et l’été
          Comme les cigarettes
          S’en vont en fumée.

Alouette alouette
          Non ne t’en fais pas
          Alouette alouette
          L’été reviendra.

Tchaïkovsky (l’alouette), Glinka (alouette), Messiaen (l’alouette lulu, l’alouette calendrelle),) entre autres compositeurs, ont cherché à exprimer son chant. Félix Leclerc avec l’alouette en colère dénonce la révolte justifiée des jeunes Québécois, la perte de liberté.

Sur youtube, vous trouverez sans difficulté ces chansons ou morceaux de musique que je vous cite, mais il y en a bien d’autres sur le thème de l’alouette.

Quelques proverbes ou expressions :

-      "si le ciel tombait, il y aurait bien des alouettes prises" pour se moquer d’une situation absurde

-    "  il attend que les alouettes lui tombent toutes rôties dans le bec" adressé à tous les paresseux

-      "une terre d’alouettes" est une terre sablonneuse et riche

-      "manger comme une alouette" : manger très peu

-      "avoir un crâne d’alouette", une petite cervelle

-      "un nœud d’alouette" est un nœud tout simple
 

Un grigri :
porter un œil d’alouette dans une peau de loup rend irrésistible et charmant

Un oracle :
présenter une alouette à un malade : si elle le fixe, il va survivre ; si elle détourne la tête, il va mourir

Un remède :
faire bouillir une alouette dans peu d’eau et en boire le jus soulage ceux qui souffrent de maux de ventre.

un hélicoptère :
ou plutôt tout une gamme qui sert à l'armée, la protection civile, nom choisi pas pour son chant, mais parce qu'il monte pratiquement à la verticale


L’oiseau des fils du vent :
« (...) A l'alouette, l'oiseau qui monte, qui monte, le matin dans le ciel, en hurlant son hymne à la liberté. »  Guy-Pierre Geneuil Le Narvalo
Ou Yoska Nemeth et ses tziganes jouent le chant de l’alouette où le violon imite le chant de l’oiseau

Des poèmes :
Comme par exemple « le chant de l’alouette » de Bernard de Ventadour ou « l’ode à l’aloüette » de Pierre de Ronsard


Ode à l’alouette

[…] Qu’il te fait bon ouïr, à l’heure
Que le bouvier les champs labeure,
Quand la terre le Printemps sent,
Qui plus de ta chanson est gaie
Que courroucée de la plaie
Du soc, qui l’estomac lui fend !
 
Sitôt que tu es arrosée,
Au point du jour, de la rosée,
Tu fais en l’air mille discours ;
En l’air des ailes tu frétilles,
Et pendue au ciel tu babilles
Et contes aux vents tes amours.
Puis du ciel tu te laisses fondre
Dans un sillon vert, soit pour pondre,
Soit pour éclore, ou pour couver,
Soit pour apporter la béchée
À tes petits, ou d’une achée,
Ou d’une chenille, ou d’un ver.

Lors, moi couché dessus l’herbette
D’une part j’ois ta chansonnette,
De l’autre, sus du poliot,
À l’abri de quelque fougère,
J’écoute la jeune bergère
Qui dégoise son lerelot.
Lors, je dis : « Tu es bien heureuse,
Gentille alouette amoureuse,
Qui n’as peur ni souci de riens,
Qui jamais au cœur n’as sentie
Les dédains d’une fière amie,
Ni le soin d’amasser des biens ; […]

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