Ce matin, je croyais m’être levée
au champ de l’alouette, c’est-à-dire de bon matin et raté ! : le
changement d’horaire et les nuages accumulés par l’autan m’ont trompée. Il est
déjà 8 heures.
J'ai lu le texte de VY, ce
spectacle de Michèle Nguyen que j'ai vu à la mi-février et je me suis arrêté
sur un passage, qui m'avait fait rêvé. Voici cet extrait :
"Vivi !
L'alouette, tu sais, son vrai domaine, ce n'est pas le ciel. C'est la
terre. C'est là qu'elle vit, c'est là
qu'elle meurt, qu'elle fait son nid, qu'elle fait ses petits. Et c'est de la terre aussi qu'elle prend son
élan pour chanter. Mais tant qu'elle n'a pas trouvé sa place, son chant, elle
le retient. Elle continue de monter,
monter, monter, et quand elle la trouve, sa place, alors là… ! Tu sais, Vivi, l'alouette ,elle ne chante pas, elle jouit dans la lumière… »
L’alouette a la particularité de monter
très rapidement et très haut dans le ciel et de se laisser tombée comme une
pierre. Elle a donc un rôle de médiatrice entre Dieu et les hommes, qu’on
retrouve dans maintes légendes du monde entier.
Ainsi cette légende grecque :
Nisus, frère d'Égée, régnait sur Nisa, ville voisine d'Athènes. Lorsque Minos, roi de Crète, vint faire la guerre en Attique, il commença par assiéger Nisa. La force de Nisus dépendait d'un cheveu de pourpre qu'il portait. Scylla, sa propre fille, amoureuse de Minos aperçu du haut des remparts, coupa Le cheveu de son père pendant qu'il dormait et l'offrit au roi de Crête pour lui déclarer son amour. Minos, horrifié par cette action, tout en profitant de cette trahison, chassa de sa présence la perfide princesse. De désespoir elle voulut se jeter dans la mer, mais les dieux la changèrent en alouette. Nisus son père, métamorphosé en épervier, ne cesse de la poursuivre dans les airs et la déchire à coups de bec.
Nisus, frère d'Égée, régnait sur Nisa, ville voisine d'Athènes. Lorsque Minos, roi de Crète, vint faire la guerre en Attique, il commença par assiéger Nisa. La force de Nisus dépendait d'un cheveu de pourpre qu'il portait. Scylla, sa propre fille, amoureuse de Minos aperçu du haut des remparts, coupa Le cheveu de son père pendant qu'il dormait et l'offrit au roi de Crête pour lui déclarer son amour. Minos, horrifié par cette action, tout en profitant de cette trahison, chassa de sa présence la perfide princesse. De désespoir elle voulut se jeter dans la mer, mais les dieux la changèrent en alouette. Nisus son père, métamorphosé en épervier, ne cesse de la poursuivre dans les airs et la déchire à coups de bec.
Ou celle brahmane :
les
fils aînés d’un roi des Indes persécutent leur frère cadet ainsi que leurs
vieux parents. Le jeune enfant décide alors de partir avec eux pour fuir les mauvais traitements. Les parents, très âgés, succombent aux fatigues de la route.
Leur fils fidèle ne néglige pas ses devoirs envers eux. S’ouvrant la tête avec
son épée, il les ensevelit en lui-même. Touché par cet acte de piété filiale, Hélios
métamorphose l’enfant en alouette.
L’alouette chante dès le matin en
plein vol et son chant l’oppose à celui du rossignol. Il symbolise l’élan de la
jeunesse, la vigueur, la joie, tandis que celui du rossignol, chant nocturne,
symbolise juste l’amour.
Dans Roméo et Juliette, Shakespeare fait
dire à Juliette : «It was the nightingale (rossignol) and not the lark (l’alouette),
believe me my love, it was the nightingale.” L’aube se levait
et Juliette ne voulait pas quitter son amant, alors elle ne voulait pas
entendre l’alouette… À propos de rossignol, chaque printemps, l’un d’eux me
réveillait par son chant mélodieux. L’ouverture de la déviation l’a éloigné, adieu
mon rossignol !
C’est sans doute pour ce que
représente l’alouette : la force, la liberté, le courage que Jean Anouilh
a intitulé sa pièce sur Jeanne d’Arc : « l’alouette » et que le blason
du duché d’Autriche en porte cinq.De nombreux poètes et musiciens ont chanté l’alouette.
Tous ceux qui apprennent le français chantent : « alouette, gentille alouette, je te plumerai… », Ce qui permet de nommer les différentes parties du corps.
- « l’alouette est sur la branche, fais un petit saut, l'alouette… »
- « l’alouette et le pinson ont voulu se marier, mais le jour de leurs noces n’avaient pas de quoi manger… »
- « Au chant de l'alouette, je veille, je dors, j'écoute l'alouette et puis je m’endors… ». Peu après, une fillette maladroite marche sur l’aile d’une caille qui lui crie : « Pucelle, retire-toi d’ici ! »… Pucelle ? Jeanne ? celle d’Orléans comme s’il n’y en avait qu’une !
Gilles Dreu l’a invitée dans une chanson nostalgique :
[...]Alouette
alouette
L’amour
et l’étéComme les cigarettes
S’en vont en fumée.
Alouette alouette
Non ne t’en fais pasAlouette alouette
L’été reviendra.
Tchaïkovsky
(l’alouette), Glinka (alouette), Messiaen (l’alouette lulu, l’alouette calendrelle),)
entre autres compositeurs, ont cherché à exprimer son chant. Félix Leclerc avec l’alouette en colère dénonce la révolte justifiée
des jeunes Québécois, la perte de liberté.
Sur youtube,
vous trouverez sans difficulté ces chansons ou morceaux de musique que je vous
cite, mais il y en a bien d’autres sur le thème de l’alouette.
Quelques
proverbes ou expressions :
-
"si le ciel tombait, il y aurait bien des
alouettes prises" pour se moquer d’une situation absurde
- "
il attend que les alouettes lui tombent toutes
rôties dans le bec" adressé à tous les paresseux
- "une terre d’alouettes" est une terre
sablonneuse et riche
- "manger comme une alouette" : manger très
peu
- "avoir un crâne d’alouette", une petite
cervelle
- "un nœud d’alouette" est un nœud tout simple
Un grigri :
porter un œil d’alouette dans une peau de
loup rend irrésistible et charmant
Un oracle :
présenter une alouette à un malade : si
elle le fixe, il va survivre ; si elle détourne la tête, il va mourirUn remède :
faire bouillir une alouette dans peu d’eau et en boire le jus soulage ceux qui souffrent de maux de ventre.
un hélicoptère :
ou plutôt tout une gamme qui sert à l'armée, la protection civile, nom choisi pas pour son chant, mais parce qu'il monte pratiquement à la verticale
L’oiseau des fils du vent :
« (...) A l'alouette, l'oiseau qui monte, qui monte,
le matin dans le ciel, en hurlant son hymne à la liberté. » Guy-Pierre Geneuil Le NarvaloOu Yoska Nemeth et ses tziganes jouent le chant de l’alouette où le violon imite le chant de l’oiseau
Des poèmes :
Comme par exemple « le chant de l’alouette » de Bernard de Ventadour ou « l’ode à l’aloüette » de Pierre de Ronsard
Ode à l’alouette
[…] Qu’il te fait bon ouïr, à l’heure
Que le bouvier les champs labeure,
Quand la terre le Printemps sent,
Qui plus de ta chanson est gaie
Que courroucée de la plaie
Du soc, qui l’estomac lui fend !
Sitôt que tu es arrosée,
Au point du jour, de la rosée,
Tu fais en l’air mille discours ;
En l’air des ailes tu frétilles,
Et pendue au ciel tu babilles
Et contes aux vents tes amours.
[…] Qu’il te fait bon ouïr, à l’heure
Que le bouvier les champs labeure,
Quand la terre le Printemps sent,
Qui plus de ta chanson est gaie
Que courroucée de la plaie
Du soc, qui l’estomac lui fend !
Sitôt que tu es arrosée,
Au point du jour, de la rosée,
Tu fais en l’air mille discours ;
En l’air des ailes tu frétilles,
Et pendue au ciel tu babilles
Et contes aux vents tes amours.
Puis du ciel tu te laisses fondre
Dans un sillon vert, soit pour pondre,
Soit pour éclore, ou pour couver,
Soit pour apporter la béchée
À tes petits, ou d’une achée,
Ou d’une chenille, ou d’un ver.
Lors, moi couché dessus l’herbette
Soit pour éclore, ou pour couver,
Soit pour apporter la béchée
À tes petits, ou d’une achée,
Ou d’une chenille, ou d’un ver.
Lors, moi couché dessus l’herbette
D’une part j’ois ta chansonnette,
De l’autre, sus du poliot,
À l’abri de quelque fougère,
J’écoute la jeune bergère
Qui dégoise son lerelot.
De l’autre, sus du poliot,
À l’abri de quelque fougère,
J’écoute la jeune bergère
Qui dégoise son lerelot.
Lors, je dis : « Tu es bien heureuse,
Gentille alouette amoureuse, Qui n’as peur ni souci de riens,
Qui jamais au cœur n’as sentie
Les dédains d’une fière amie,
Ni le soin d’amasser des biens ; […]
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