Hier, j’avais fini de
préparer l’article sur la carpe, quand j’ai appris l’insupportable nouvelle :
les assassinats au siège de Charlie hebdo.
Tristesse, peur, révolte et mille
pensées à la fois : attaque de la démocratie, adieu les caricaturistes, mais
aussi les autres : l’agent d’entretien, les policiers, pensées vers les
familles et ceux qui sont blessés et se battent pour continuer à vivre…
Peur des amalgames que
certains vont faire et les violences qui vont suivre. Peur pour ceux qui sont
musulmans dans leur âme, dans leur cœur… Déjà Marine Le Pen demande un débat
sur l’islamisation, sur le retour de la peine de mort : faites la taire ! Déjà
l’explosion d’un kebab à Villefranche sur Saône, tout près…
Qu’en est-il de notre devise
: liberté – égalité – fraternité ?
trois jours de deuil national
Cabu avec son dessin parlant
de l’absence d’attentats, n’a-t-il pas provoqué des cinglés ? mais doit-on par
peur se censurer ?
Pourquoi parle-t-on de
terrorisme ? Ceux qui ont tiré à bout portant sur d’autres hommes ne sont que
des assassins. C’est leur faire trop d’honneur que de les assimiler à des
terroristes. Ils n’en valent pas la peine.
Dans notre pays où l’on ronronne
gentiment, où on est prêt à tout dénigrer, où les médias commencent à
comprendre qu’ils ont un rôle dans le pessimisme ambiant, c’est un coup de
tonnerre qui nous agite tous. D'ailleurs, des rassemblements ont eu lieu dès la fin d'après-midi.
Quand je faisais mes études, nous
avions dû par petits groupes étudier l’évolution d’une loi dans le temps. Nous
avions justement pris cette loi de 29 juillet 1881 à l’article unique, ce qui
est vraiment très rare en matière de droit.
On a touché à la liberté… mais qu’avons-nous fait de l’égalité, de la fraternité pour créer ces monstres assassins ?
Place des terreaux LYON des centaines de bougies par des milliers de présents
Nous avions répétition avec
le chœur Ecce musica, mais le cœur n’y était pas. Contrairement à nos habitudes,
Jean-Jacques, notre chef, nous a demandé de nous asseoir. Il était au lycée
avec Cabu, il nous a parlé du Grand-Duduche, qui était un élève efflanqué, effectivement
amoureux de la fille du proviseur et qui faisait tout pour entrer en contact
avec elle. Il nous a également parlé de Charb, sur les antennes : il y a
peu, ce dernier disait que quand il y a une peine collective, seul le chant
choral permet une véritable union. Nous avons pu alors entamer cette répétition,
qui s’est avérée… difficile.
Suis-je Charlie ? Je me méfie
des mouvements de masse. Je suis révoltée, ça oui. J’en appelle à la liberté.
J’admire la capacité de
réactions, d’illustrations des autres dessinateurs dans la même veine que ceux
qui nous ont quittés.
« l’imprimerie et la librairie sont libres. »
Suivaient alors juste les
sanctions encourus en cas de non-respect de cette loi. Ensuite, nous avions
cherché les nombreuses lois, décrets, ordonnances, qui ont amputé cette loi, l’ont
aménagée… Notre conclusion de potaches : Si on avait su, on aurait choisi
une autre loi…On a touché à la liberté… mais qu’avons-nous fait de l’égalité, de la fraternité pour créer ces monstres assassins ?
Sur mes cahiers
d’écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable sur la neige
J’écris ton nom…
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable sur la neige
J’écris ton nom…
Je suis né pour te
connaître
Pour te nommer
Pour te nommer
Liberté.
J’ai passé beaucoup de temps
à écouter France Inter, à zapper les chaînes de télé pour écouter les infos
jusqu’à point d’heure et dès mon réveil. J’ai écouté le Requiem de Mozart, celui
de Fauré. Je n’arrivais pas à avancer comme si mes ailes étaient rognées. Jusqu’au
moment où je me suis dit, que j’étais en train de donner raison aux cons et ce
n’était pas tolérable.
Alors je suis partie marcher
sur le chemin de halage à Montmerle avec ma colère, ma tristesse, ma morosité. Peu
à peu, au fil de l’eau, j’ai retrouvé de la fluidité.
Deux heures plus tard devant ce panneau, j’ai ri.
Si toi, c’est mon merle, alors
moi je suis ton terle. Mais qu’est-ce qu’un terle ? Une nouvelle bête sans
aucun doute. Alors mes chansons sont revenues, j’avais encore une bonne heure
de marche.
♫ Mon merle a perdu une plume, il ne chantera plus mon merle
♫
Oui,
je le crois, mon merle chantera encore, et même avec plus de force…
Il est possible que l’histoire
dise plus tard que cet événement tragique à réveiller le sentiment français et
permis à chaque citoyen d’être plus actif pour que la France corresponde aux
espoirs du monde… si seulement… et pour longtemps
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