Dès
que je peux, je chausse mes baskets pour découvrir mon environnement à pied.
Aujourd’hui, je suis allée au village pour différentes petites courses et je
suis revenue par un chemin que je pensais silencieux.
Chemin
de la carpe, normal me direz-vous, la Saône est tout près et quelques carpes
doivent nager dans ces eaux troubles.
En
fait de chemin calme, c’était raté :
-
tout d’abord, une
pelleteuse et un camion étaient en action pour des travaux de renforcement de
lignes électriques
-
plus loin, un âne
ricanait à qui mieux mieux et essayait ainsi d’interpeller une belle génisse du
troupeau qui paissait dans le pré en face
-
puis des chiens, que
l’on entend, mais que l’on ne voit pas derrière les grands murs et les hauts
portails pleins
-
il manquait un
tracteur… Il est arrivé !
Adieu
le silence !
Mais
pourquoi dit-on muet comme une carpe ? Est-ce qu’une carpe est plus muette que
les autres poissons ? A-t-on déjà entendu des poissons parler en dehors des
contes du petit poisson qu’ il faut embrasser pour conjurer le sort et qu’il
redevienne prince ou princesse ?
Il
paraîtrait cependant que les carpes n’ont pas de langue : pas de langue, pas de
possibilité de parler.
Les
carpes affleurent souvent la surface de l’eau pour gober quelque insecte sans
doute et personne, à ce jour, n’a entendu le moindre mot émis par l’une d’elles.
Si je dis à ce jour, c’est qu’il est possible qu’un savant fou, en quête d’exploit,
joue à quelque manipulation génétique, qui permettrait aux poissons de parler…
parler pour être entendu des hommes…
Et
voilà ma carpe qui me glisse entre les doigts un peu comme la truite de
Schubert et m’entraîne vers d’autres expressions liées aux poissons : le
mariage de la carpe et du lapin pour évoquer une mésalliance, avoir des yeux de
merlan frit pour des yeux d’amoureux qui roulent vers le haut, être un
véritable requin dans le monde de la finance, être plate comme une limande ou
comme une sole, être maigre comme une ablette, glisser comme une anguille, mais
aussi il y a anguille sous roche. Je pourrais parler aussi de la sardine qui
bouche le port de Marseille, de la gauche caviar (du caviar de la Dordogne, ça
va de soi). La, je suis en train de noyer le poisson et cette histoire va vraiment
finir en queue de poisson.
Je
recherche alors mon point de départ : chemin de la carpe, bien loin du chemin parisien
de la Contrescarpe… Non, je ne vais pas vers ce chemin-là !
Mais
la carpe, est-ce elle qui s’est glissée dans l’expression carpe diem ? Cette expression qu’on utilise pour dire profite de la
vie aujourd’hui ! Avoir les nombreux pêcheurs le long de la Saône, je pourrais
le penser, mais je sais par des amis journalistes ou correspondants de presse
que rien n’est plus agité qu’une assemblée générale de pêcheurs. Alors ?
De
retour chez moi,
je fais immédiatement des recherches. Cette expression qui vient du latin est
vraiment incomplète. La phrase latine écrite par le poète Horace est
"Carpe
diem quam minimum credula postero"
(Cueille
le jour [et sois] la moins curieuse [possible] de l'avenir).
C’est
le dernier vers d’un poème adressé à une jeune fille qui souhaite vivre
longtemps. Horace lui explique qu’elle doit profiter pleinement du moment
présent tout en ayant une saine discipline de vie et en ne remettant pas au
lendemain les choses à faire. On est loin du carpe diem d’aujourd’hui compris
comme une incitation à jouir du moment présent sans contraintes, ni retenue.
ce sera ma signature en ce jour...
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