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2015-08-13

petit tour en vélo et Erlköng (roi des aulnes)

Un jour, marche, le lendemain, piscine et aujourd'hui, vélo.

Direction Villefranche-sur-Saône, par de petites routes. Tout d'abord, le quai le long de la Saône, puis Boistray et surprise : les cueilleuses sont dans le grand champ pour la troisième fois de l'année. Elles sont une cinquantaine de femmes, amenées sur le lieu de travail par des camionnettes,


puis courbées sur des rangs de radis après deux passages de salades.



Qu'il fait bon rouler sur cette petite route déserte et ombragée ! J'ai vite fait d'arriver au niveau de la carrière du Pré de Joux, qui rejoint la Saône, gravière des Ciments Vicat. 


L'exploitation du lieu va jusque fin 2030, les documents de remise en état sont visibles en mairie d'Arnas, m'indique t'on sur un panneau.. En état ? Quel état ? Ils remblaieront et laisseront le site comme ils l'ont trouvé en entrant ? ou bien sera-t'il aménagé pour des activités nautiques ?

En tous les cas, c'est l'été et même les machines ont droit à des vacances 


Juste avant de passer sur le pont de l'autoroute un âne... tout seul dans son grand pré 


et dire qu'il ne peut se distraire en regardant passer les autos et les camions.... Il est vrai que ce sont les vaches qui regardent passer les trains....  et moi...


 Plus loin, d'un côté de la route, les jeunes salades sont arrosées, 


 tandis que les maïs font grise mine juste en face 
 

Un arbre attire mon regard : un aulne en voie de désintégration... le vent sans doute a arraché des bouts d'écorce et pourtant, il se bat pour garder un feuillage vert


et offrir un genre de banc à sa base grâce à de grands lamelles de tronc à terre,
 
 





 et permettre au vent de siffler par les "trous" dans ses grosses branches

 
  ou abriter une famille de lutins à sa base...

Près de cet aulne torturé, je ne peux m'empêcher de penser au Roi des Aulnes, Erlkönig... poème de Goethe, mis en musique par Schubert et par moi, appris en allemand. Merci Madame Durand, si terrible, so schrecklich, que j'en sais encore le texte par coeur !

"wer reitet so spât  durch Nacht und Wind
Es ist der Vater mit seinem Kind ...
 Er hat den Knaben wohl in dem Arm...

Qui chevauche aussi tard dans la nuit et le vent...
C'est le père avec son fils 
il tient l'enfant bien dans ses bras....

et après une nuit de chevauchée terrible où le roi et ses filles, les elfes, essaient d'attirer l'enfant

 tableau de Bernhard Neher

le père arrive enfin de l'autre côté de la forêt, mais 

 In seinen Armen das Kind war tot
Dans ses bras, l'enfant  était mort

C'est à partir d'un mythe scandinave que Goethe a écrit ce texte, mais en général, c'est la fille du Roi des Aulnes qui est un être séducteur, mais mortel comme certaines fées ou certaines sirènes, la Lorelei par exemple... texte que je sais aussi par cœur...

Une douche pour saluer ma performance du jour me semble une bonne récompense avant toute chose... mais avant, lors que je reprends une marche "normale" après avoir rangé mon vélo, une amie me téléphone et je m'assois sur le muret en bord de Saône.

c'est alors que passent deux hommes entre 50 et 60 ans, visiblement amoureux. L'un tend une banane entamée à l'autre qui en croque un bout... et remet cela... oui, amoureux, car personne n'existe autour d'eux... d'autant que cette scène-là était impensable il y a peu...

L'amour est aveugle par rapport à la personne aimée, mais aussi rend aveugle : l'entourage n'existe pas....

"on serait seuls au monde
on jouerait à s'aimer... la la la "




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