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2016-07-18

Faut pas pousser Mémé dans les orties !




Il y a peu de temps, j’ai passé une semaine « chez moi », à Figeac avec mon amie Gisèle. Nous avons croisé aussi Michel, le Belge-Lyonnais, et son amie Doïna,  la roumaine belge, que je rencontrais pour la première fois (belle rencontre). Après avoir fait la visite de Figeac en bonne et due forme : j’aime partager mes connaissances…, Michel et Doïna nous ont offert à déjeuner dans la boutique - table d’hôte de produits du Quercy de Catherine et Bertrand. (Catherine faisait du Gi-Gong avec moi et elle en fait toujours…). C'est juste à côté de l'Office du tourisme, fermé le mardi... Leur nom : Mémé du Quercy, ceci explique cela !

Ce jour-là, à la cuisine : Bertrand aidé à la plonge par la compagne de leur fils et au service : Catherine et son fils, serveur pour l’été et étudiant le reste de l’année. Tous deux portaient un T-shirt avec cette inscription : faut pas pousser mémé dans les orties !


Il n’en fallait pas plus pour m’interroger sur cette expression.

De retour dans mon gîte préféré (l’adorable maison quercynoise d’Hélène), je suis allée faire un tour du côté du site « expressio » ;  que j’ai trouvé comme d’habitude excellent… un partage s’impose. (On peut s’inscrire gratuitement sur ce site pour recevoir l’expression du jour ou les expressions de la semaine : http://www.expressio.fr). Je ne vais quand même pas vous la décrire, elle est trop commune !


« Faut pas pousser mémé (mémère, grand-mère...) dans les orties !

= Il ne faut pas exagérer, abuser, dépasser les limites. Il ne faut pas avoir un comportement asocial avec quelqu'un.

« L'origine de l'expression de base 'faut pas pousser' pour 'il ne faut pas exagérer' semble tout aussi inconnue que sa période d'apparition », donc raté !. Son côté cocasse dû au mot « Mémé » la rende plus populaire que « faut pas pousser le bouchon trop loin », qui a exactement la même signification, et même dans les régions viticoles !

« C'est vrai, quoi ! Imaginez un « sauvageon » qui surgit hors de la nuit et court vers l'aventure au galop sur sa fougueuse mobylette au pot d'échappement trafiqué, le long d'une route de rase campagne. Soudain, il croise une personne du troisième âge (de sexe féminin) qui vient de faire ses courses à la supérette du village et s'en retourne à la ferme en se déplaçant lentement, le dos voûté, une main sur sa canne, l'autre tenant difficilement son sac plein de victuailles.
Il s'arrête brusquement près d'elle et, dans un acte odieux de gérontopropulsion, lui file une mandale et l'envoie s'écrouler dans le carré d'orties malheureusement présentes à proximité, avant de lui chouraver son cabas et de s'enfuir à pleins gaz en lui filant un dernier coup de latte au passage.

Si vous êtes un tant soit peu civilisé, en lisant cette ignoble histoire vous vous êtes forcément dit :

  1. Quelle horreur ! Mais que fait donc la police ?
  2. Le responsable de cette insupportable violence a pour le moins un comportement asocial. Il dépasse même un tantinet les limites de la bienséance.
  3. L'auteur de ces lignes disjoncte un peu.

Eh bien je suis d'accord avec vous, y compris sur le dernier point. C'est pourquoi dans la prochaine version, je vous promets qu'il lui laissera son sac...

En tous cas, maintenant, vous devriez avoir compris pourquoi pousser mémé dans les orties, faut vraiment pas le faire ! «  (Expressio)


Mais dans certaines régions, cette expression a été rallongée un tant soit peu, ce qui donne :

« Faut pas pousser mémé dans les orties, elle a pas d’culotte !"

 Ou peut-être qu’elle en a une, mais fendue ! Allez savoir !


A vrai dire, c’est pas bien grave et il vaudrait mieux pousser Pépé dans les orties que Mémé pour ses vertus aphrodisiaques. 

En effet, « depuis l’Antiquité, on préconise pour renflouer la virilité déficiente des hommes, de les fouetter avec un bouquet d'orties au-dessous du nombril, sur les reins et sur les fesses » : de quoi réveiller les Pépés et les autres ! Mességué lui-même insiste sur cette thérapie « en nous contant la cure adoptée par l'un de ses vieux amis gascons qui, incorrigible coureur de jupons, pour se redonner du cœur à l'ouvrage, se roulait périodiquement dans un champ d'orties..."  A qui le tour ?


Ce ne sont pas là les seules vertus de l’ortie. Cette herbe banale, commune, qui pousse dans les lieux à l’abandon,  est une plante médicinale puissante. Connue des Gaulois et des Romains, elle figure dans la plupart des pharmacopées anciennes : médicinale, elle est aussi alimentaire,  Paracelse, le célèbre médecin de la Renaissance lui réservait une place de choix dans ses préparations Ses vertus ont été fort appréciées par nos ancêtres. Elle est reminéralisante, hémostatique, dépurative, galactogène, diurétique, fertilisante, active dans la lutte des pucerons...

Bref, mangez des orties… en remplacement des épinards par exemple !


Bon ! D’accord, elle a un inconvénient : elle est très urticante (non, non, ce n’est pas comme les moustiques, toutes les orties piquent, pas seulement les plants femelles comme chez les moustiques : je vous voyais arriver, poil au nez ! )


Ô beauté de ses poils urticants, aussi fragiles que du verre fin ! Ô pointe effilée de silice qui pénètre la peau de celui qui la frôle ! Ô cruelle injection d’acide formique (à rapprocher des fourmis qui cro-ondent, elles !), de l’histamine (allergisant puissant), de l’acétylcholine et de la sérotonine, deux neurotransmetteurs qui jouent un rôle dans la mémoire entre autres, pour que vous vous souveniez à jamais de la brûlure, des démangeaisons, de la douleur  de Dame Ortie !


Plusieurs remèdes calment ses réactions : frotter ou plutôt caresser la zone rouge avec

-  le vinaigre blanc de préférence, mais de cidre, de vin, d’échalote… Vite, courez !

-  un morceau de sucre imbibé de la salive du patient (c’est meilleur)

-   de l’urine de la personne pour la capacité de rééquilibre

-   du bon plantain de chez nous

-  de la crème Z-Trauma , fabuleux gel de première urgence pour tout ! 

( publicité gratuite et efficace dans votre magasin bio)


Pour finir, un détour du côté du purin d’ortie, fertilisant et protecteur du jardin contre certaines maladies (mildiou), les pucerons…


Pour préparer un purin d’orties sans odeur, trois impératifs à respecter :

-          dans un seau, bien tasser des orties, et seulement des orties, cueillies avec amour avec gants (c’est précieux !) et sécateur. Rajouter le plein d’eau de récupération, (c’est mieux !) et mettre à l’ombre (1). Ne pas couvrir (2)

-          tous les jours, avec un bâton, touiller (3). Vous verrez alors à la surface des bulles, de la mousse, preuve de la fermentation en cours.

-          Au bout de 10 à 15 jours, quand, lors du touillage, il n’y a plus de bulle, retirer avec le bâton le gros des tiges, puis avec une vieille passoire de cuisine, filtrer et stocker dans un jerrican, même pendant plusieurs mois

-          Utiliser en le coupant avec de l’eau dans un arrosoir : genre 2 l de purin pour 8 l d’eau et arroser les haricots, les tomates, les… les légumes vous le rendront !

C’est excellent pour le jardin, pas comme apéro ! Pff ! Faut tout leur dire ! Faut quand même pas pousser Mam’Elisa dans les orties ! (ni Mam’éïa, c’est la version Myrtille, que j’adore !)

Et pour finir deux livres à lire, le premier est excellent, je viens de le finir !

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Hé bien quel travail de recherche tu as fait, bravo !

Josy la provençale !