Pas besoin de s’appeler Patrice de Mac-Mahon pour exprimer
sa surprise, son inquiétude, devant la Saône qui prend ses aises.
Cette expression que l’on attribue à Mac-Mahon, sans
certitude pour autant, aurait été prononcée à Moissac le 26 juin 1875 lors des terribles
inondations de la Garonne. Mac-Mahon regardant l’eau dit
-
Que d’eau ! que d’eau !
-
Et encore, Monsieur le Maréchal, vous ne voyez
que le dessus. ! lui dit son aide de camp
Depuis la semaine dernière, la Saône est chahutée entre le Doubs qui arrive à Verdun-sur-le-Doubs, impulsif, vigoureux, indiscipliné gorgé
des eaux du Jura et le Rhône, fougueux, majestueux, puissant, qui empêche la
Saône d’entrer dans son lit à Lyon… en fait, double crise conjugale où la Saône
s’incline et donc dépitée s’étale…
Mais sous l’eau de la Saône à Port-Rivière, où l’on compte
en centimètres son débordement sur la route, qu’y a-t-il ?
Le long de la route, assis pour certains sur les bancs
publics (♫ bancs publics, bancs publics… ♫), les pêcheurs se suivent et se
ressemblent. Au moins, je peux causer avec eux, ils sont au sec :
-
Les poissons aussi sortent de leur
habitat ?
-
Oui… pour eux pas de frontière
-
Ça mord ?
-
Pas vraiment. Ce qui est dommage, c’est qu’ils
n’ont pas eu le temps de faucher l’herbe (dans l’anse, il y a une grande
prairie), alors le poisson se faufile dans les grandes herbes et ne voit pas
les appâts.
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Peut-être qu’ils ont autre chose à
déguster ?
-
Sans doute… mais on essaie quand même…
Bon, on vous le redit : , le camping est interdit !
Et quand l’eau a commencé à se retirer lentement, mais
sûrement. La grande prairie ? On dirait qu’elle a oublié de se
peigner : « ah ! Je me réveille à peine ! Je suis toute
décoiffée ! ».
J’espère que les poissons se sont retirés au fur et à mesure de l’eau…
Pendant ce temps-là, le printemps, frisquet le matin, j’avoue, est présent. Les lilas et les iris sont superbes et sentent bon… la vie.